JAURÈS Jean [Castres, 1859 - Paris, 1914],... - Lot 110 - Varenne Enchères

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JAURÈS Jean [Castres, 1859 - Paris, 1914],... - Lot 110 - Varenne Enchères
JAURÈS Jean [Castres, 1859 - Paris, 1914], homme politique français, fondateur du premier Parti Socialiste Français (1902-1905). Important manuscrit autographe signé « Jean Jaurès », paru le 26 juillet 1914, 5 jours avant son assassinat (31 juillet). [1914] ; 17 pages in-4. Très important texte historique et politique prémonitoire sur l'Alliance franco-russe Très important texte historique et politique prémonitoire sur l'Alliance franco-russe et sur la politique européenne après la crise d'Agadir, écrit à la veille du déclenchement de la Grande Guerre. Ce texte se replace avant l'accord franco-allemand du 4 novembre 1911 dans lequel l'Allemagne cédait le Maroc à la France et la France donnait une partie du Congo français à l'Allemagne. Jaurès analyse la politique russe lors de cette affaire et il s'oppose aux défenseurs de l'alliance franco-russe et spécialement à l'un d'entre eux, André Mévil, journaliste à l'Écho de Paris qui a écrit un livre sur ce sujet. « Il reste démontré qu'au moment même où il [Mévil] dénonce les pangermanistes il les copie et qu'il fournit un aliment aux polémiques chauvines [...] pendant de très longues années, la Russie n'a eu d'autre but que d'exploiter financièrement et politiquement l'alliance française sans s'engager contre l'Allemagne [...]. Il est certain que de 1890 à 1911 la Russie a tout fait pour ménager l'Allemagne et évvviter un conflit où elle aurait dû prendre parti pour nous. Elle a d'abord transporté en Extrême-Orient le centre de son action [...] M. Delcassé a engagé la France dans une politique marocaine qui menait droit à des difficultés avec l'Allemagne au moment même où la Russie allait à la dérive vers une guerre avec le Japon. On dit souvent que Tanger a été une suite de Moukden (bataille de la guerre russo-japonaise perdue par les Russes en 1905) et que la [...] défaite des Russes à seule permis à Guillaume II sa retentissante et dangereuse démarche ». Jaurès s'étonne que la Russie, après avoir incité la France à traiter avec l'Allemagne au Maroc et après s'être rapprochée de l'Allemagne (entrevue du tsar et de l'Empereur d'Allemagne à Postdam après l'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche), incite maintenant la France à se montrer ferme avec l'Allemagne (on sait que Jaurès souhaitait un rapprochement avec l'Allemagne pour éviter la guerre). « Qu'est ce à dire ? et quel est le but de cette diplomatie russe qui après avoir conseillé la prudence l'apaisement la conciliation la paix tant que le conflit avait son origine dans les intérêts français [...] nous excite à des attitudes belliqueuses maintenant que les intérêts russes, intérêts d'influence et de prestige dans les Balkans, intérêts industriels, sont de premier plan ? Est-ce que c'est la guerre que veulent les Russes ? N'attendent-ils, pour déchainer la guerre la plus formidable avec l'Allemagne qu'un signal venu de France [...]. Leur serait-il agréable que nous prenions l'initiative des hostilités afin de rendre plus facile aux Romanof la rupture violente avec les Hohenzollern ? [...] Est-ce pour donner à la politique française une apparence plus offensive qu'ils ont tenu et qu'ils tiennent à nous imposer la loi de trois ans ? (Jaurès s'opposait à cette loi qui demandait l'incorporation des jeunes pour 3 ans). L'avenir est plein de périls. Le sol est couvert de pièges obscurs. Que le peuple de France apprenne, comprenne et veille ». Cinq jours plus tard, Jaurès était assassiné. Cet article fut publié dans la Revue de l'Enseignement Primaire et Primaire Supérieur du 26 juillet 1914, reproduit en partie dans le journal L'OEuvre (”Un article à relire”, 3 juin 1917) et ensuite dans divers journaux (Le Progrès de la Somme, 4 juin 1917) et repris dans les Oeuvres de Jean Jaurès (Riéder, 1939, tome 9 : Au bord de l'abîme 1912-1914, p. 378). Les paroles prémonitoires de Jaurès ont souvent été reproduites : par Joseph Caillaux dans un hommage à Jaurès paru dans L'Ere nouvelle (29 juillet 1922), ou par Georges Picard dans Le Travail, 8 août 1931 (reproduit dans le Bulletin de la Société d'études jaurésiennes n°101, avril-juin 1986, p. 4).
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